De plus en plus de dirigeants font le choix d'être accompagnés par un Chief of Staff, preuve du développement rapide et du caractère stratégique de ce poste pour les entreprises françaises. Pour autant, il n’avait jamais fait l’objet d’une analyse exhaustive. En partenariat avec l'Institut Choiseul, Roland Berger a donc mené l'étude « Chief of Staff : la nouvelle clé de voûte des entreprises » afin de dresser un panorama de ce métier. Celle-ci concentre les résultats d’une trentaine d’entretiens menés auprès de Chiefs of Staff en France et d’une enquête en ligne avec près de 200 répondants.
Introduite dans la hiérarchie militaire américaine au 19ème siècle, la fonction de Chief of Staff fait son apparition officielle en politique en 1953 avec l’institution du White House Chief of Staff par Eisenhower, mais ne se répand dans les entreprises américaines qu'au tournant des années 2000.
Une fonction déjà bien implantée aux Etats-Unis, en plein essor en France
Aux Etats-Unis, environ 4 700 Chiefs of Staff sont en activité, parmi lesquels les hommes sont deux fois plus nombreux que les femmes, présents à 75% dans des sociétés de plus de 1000 salariés. Leurs profils sont plutôt seniors, avec 9 professionnels sur 10 ayant plus de 40 ans.
En France, la fonction est actuellement en voie de structuration, avec environ 800 Chiefs of Staff en poste, principalement dans la Tech, la finance et les assurances, ou encore l’industrie. Le poste est plus féminisé, et occupé par des profils plus jeunes et plus diplômés en France qu'aux Etats-Unis.
Fait notable, 2/3 des dirigeants des entreprises du CAC 40 et du Next40 font appel à des Chiefs of Staff, contre 45% des entreprises du SBF120 et 34% des entreprises du Next120.
Enfin, pour 47% des Chiefs of Staff interrogés, une mobilité interne est la porte d’entrée principale vers le poste de Chief of Staff. Cette évolution au sein des entreprises explique en partie la relative opacité qui entoure ce nouveau métier : environ la moitié des Chiefs of Staff n’avaient par exemple jamais entendu parler de cette profession avant de l’exercer.
Un métier polymorphe pour prolonger le champ d’action du dirigeant
L’étude révèle que le périmètre d’action des Chiefs of Staff s’adapte à la taille et au mode d’organisation de l’entreprise. Pour autant, bien qu’il existe autant de fiches de postes de Chief of Staff que de Chief of Staff en poste, il n’en demeure pas moins qu’une fondation indispensable se détache : la grande majorité des personnes interrogées affirme ainsi que rien ne peut se faire sans la création d’une relation de confiance mutuelle avec le dirigeant.
En définitive, le secret de l’efficacité du binôme réside dans la qualité de la relation interpersonnelle., et l’entretien de cette complicité professionnelle.
Notre étude a également permis de faire ressortir trois idéaux types distincts, que les Chiefs of Staff peuvent incarner séparément, ou cumuler ces rôles suivant les entreprises.
L’assistant exécutif
Bras droit du CEO et garant de l'agenda du dirigeant. Près de 40% des Chiefs of Staff interrogés assument cette fonction.
Le communicant
Conseiller assurant le lien en interne entre le CEO et son organisation, œuvrant à la frontière des affaires publiques. Ce rôle de communicant est assumé par près de 35% des Chiefs of Staff interrogés.
Le sparring partner
Profil souvent plus senior, en mesure de challenger le dirigeant sur des sujets stratégiques. Cette fonction est assumée par 75% des Chiefs of Staff. Stéphanie Cau, Chief of Staff chez Bureau Veritas, explique ainsi que le CEO « doit pouvoir se reposer sur un partenaire à la fois bienveillant, objectif, aux intérêts alignés qui lui délivre des messages sincères et sans concession ».
Le métier de Chief of Staff, un triple accélérateur
Les Chiefs of Staff interrogés définissent leur profession comme exigeante et formatrice, où la maitrise de hard skills représente un prérequis. Pour autant, elles s’effacent vite au profit des softs skills
C’est une vision partagée par les répondants à l’étude, puisque plus de 85% d’entre eux citent les capacités d’adaptation et d’anticipation comme les qualités principales pour réussir au poste de Chief of Staff.
En raison du défi qu'il représente, le métier est perçu comme une étape et un accélérateur de carrière : plus de la moitié des Chiefs of Staff déclarent ne pas vouloir occuper ce poste plus de deux ans.
Le métier permet d’ailleurs d’accéder aux rouages internes des entreprises et donc à des postes de direction. Pour 90% des répondants, ce métier est même un tremplin pour leur carrière.
Pour les profils seniors, la fonction apparaît plutôt comme un objectif de carrière de soi : dans ce cas être Chief of Staff permet d'être "dans le cockpit, sans pour autant devoir assumer toutes les responsabilités d’un CEO" selon Stéphanie Cau.
Si un point d’interrogation pèse encore sur la pérennité de la fonction dans les startups, la structuration en cours du métier, le développement de réseaux pour ces professionnels, et la création de formations ad hoc permettront vraisemblablement à la profession d’attirer un nombre croissant de profils à haut potentiel et de s’implanter durablement dans les entreprises françaises, afin de répondre aux nouvelles exigences qui pèsent sur les dirigeants.
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Chief of Staff, la nouvelle clé de voûte des entreprises ?
De plus en plus de dirigeants font le choix d'être accompagnés par un Chief of Staff, preuve du développement rapide et du caractère stratégique de ce poste pour les entreprises françaises. Pour autant, il n’avait jamais fait l’objet d’une analyse exhaustive. En partenariat avec l'Institut Choiseul, Roland Berger a donc mené l'étude « Chief of Staff : la nouvelle clé de voûte des entreprises » afin de dresser un panorama de ce métier.