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En finir avec la diagonale du vide (des transports) 1/2

En finir avec la diagonale du vide (des transports) 1/2

22 janvier 2018

Les zones rurales sont dépourvues d'un réseau de transports en commun assez dense pour répondre aux besoins de mobilité de ses habitants. Revitaliser ces zones passe un ciblage précis des besoins de mobilité. Grâce à sa flexibilité et à son coût attractif, le covoiturage s'impose comme une solution attractive dans un univers intermodal.

Les Assises de la Mobilité se sont achevées à la fin de l'année 2017 et la question de la revitalisation des zones rurales a été d'une certaine manière l'invitée surprise des discussions. « Aujourd’hui, il existe des autorités organisatrices de la mobilité uniquement dans les grandes villes», a constaté la ministre des Transports, Elisabeth Borne. « Mais pas dans près de 80 % du territoire où personne n’est responsable de proposer des services de transport aux habitants. Ce sont de véritables zones blanches de la mobilité».

Qu'observe-t-on aujourd'hui dans ces zones ?

Une offre de transport se résumant le plus souvent à la voiture, qui couvre 91% des trajets.

Ce qui pose en premier lieu un sujet d'exclusion sociale. Si presque la totalité des distances s'effectuent en voiture, 9% des ménages de ces zones blanches en sont dépourvus et subissent un réel enclavement. Derrière cette moyenne, deux catégories populations sont particulièrement touchées: les personnes sans emploi et les seniors. Près d'un chômeur sur cinq n'a pas de voiture, ce qui s'avère un réel frein pour un retour à l'emploi. Les jeunes de moins de 25 ans sont particulièrement touchés puisque 22% d'entre eux sont au chômage en France. Et 32% des ménages retraités n'ont pas de véhicule, quand bien même leur besoin d'être relié à des établissements de santé est important et croissant. La refonte de mobilité en zone diffuse est donc un véritable enjeu social, dans un contexte plus général de "désertification" de ces zones.

Faut-il pour autant favoriser l'accès au véhicule particulier, en particulier pour les jeunes, quitte à aller à contre-courant des politiques environnementales ? Les déplacements des zones diffuses vers les centres-villes via ce mode de transport ne viendrait qu'accroître une saturation automobile contre laquelle les municipalités ont déjà beaucoup de mal à juguler…

Revoir l'offre de transport

Il apparaît dès lors nécessaire cibler la "bonne" mobilité, celle qui reliera les habitations aux écoles, aux hôpitaux, aux supermarchés, aux zones de bureaux… Afin de l'identifier, il est primordial que l'ensemble des acteurs (collectivités locales, des opérateurs et émetteurs de mobilité) conviennent d'une offre de transport propice à leur territoire.

Cette réflexion ne peut aboutir que si les besoins des populations sont identifiés, et que tous les acteurs se coordonnent pour y répondre. Cet ensemble doit s'inscrire aussi dans une nouvelle donne du mix de transport en se fondant sur l'évolution des usages, à savoir pour l'essentiel le transport à la demande et le covoiturage.

Cette nouvelle approche va de pair avec une évolution des pratiques dans une multimodalité globale, alimentée en outre par des nouvelles technologies. Mobilité connectée, voiture autonome, véhicules zéro émission…

Il est prioritaire de développer le transport partagé et plusieurs chantiers sont à mettre en place. Aller au bout du potentiel offert par le covoiturage avec une compétitivité-coût indéniable par rapport aux taxis ou VTC, développer le transport collectif, notamment à la demande, lorsqu'il est pertinent, adopter une politique ferroviaire avec des investissements ciblés là où les flux de personnes sont conséquents et favoriser le bus en solution alternative, investir dans des pistes cyclables pour encourager les habitants à recourir au vélo sont autant de réformes à impulser. A terme, la voiture autonome, pas encore opérationnelle, pourra s'intégrer à ce mix de solutions.

La loi d'orientation des mobilités qui va être présentée au Parlement en 2018 devrait donner un cadre et des outils aux collectivités territoriales pour s'emparer pleinement de ce sujet. Il s'agit désormais pour elles d'identifier précisément les besoins de mobilité sur leur territoire, de définir une stratégie adaptée d'offre de transport et de créer les conditions de succès nécessaires.

Les nouvelles solutions de mobilité proposées dans les autres pays

Afin que la population s'empare de cette nouvelle mobilité, il faut la décliner sur les différents supports qu'elle utilise au quotidien (smartphones, ordinateurs…) et sur les moyens d'y accéder (sites internet, applications…). Plusieurs start-ups ont mis sur pied des apps disruptives à travers le monde. Car la question de la nouvelle mobilité dans les zones diffuses touche l'ensemble des pays et n'est pas une problématique uniquement franco-française. Aux Etats-Unis, par exemple, Skedaddke est une plateforme permettant de créer des itinéraires de bus longue distance à la demande. Cette application met en relation des compagnies de bus avec les consommateurs. L'utilisateur propose un itinéraire de voyage ou en rejoint un existant, et une fois que plus de 10 personnes ont opté pour même itinéraire, un bus est affrété. Autre solution intéressante en Allemagne: Qiptit. C'est une plateforme multimodale d'information et de réservation pour les déplacements en milieu urbain et à l'échelle régionale. Elle permet de rechercher les meilleurs itinéraires multimodaux, de réserver et payer les différents modes de transport (métro, bus, taxi, location de voiture, vélo…) de manière intégrée. Trois services de la chaîne de valeur centralisés. Moins disruptifs mais très complets, les services proposés par l'opérateur de train suisse SBB regroupent une offre avec un accès au train, à une voiture électrique avec la borne de recharge installée au domicile, aux options de partage de voitures et de vélos à disposition. Cette offre est en phase de test. le paiement s'effectue sous forme d'un abonnement annuel allant de 6.750 à 12.200 francs suisses, soit de 5.770 euros 10.430 euros !