Le continent africain fait de l’entrepreneuriat un facteur d’émancipation
Avec le taux le plus élevé au monde de femmes entrepreneuses (24%), le continent africain fait de l’entrepreneuriat un facteur d’émancipation.
En Afrique, l’entrepreneuriat est un véritable vecteur d’autonomisation des femmes et offre d’intéressantes opportunités de croissance économique. Avec le taux le plus élevé au monde de femmes entrepreneuses (24%), le continent africain fait de l’entrepreneuriat un facteur d’émancipation.
Pour la deuxième année consécutive, Roland Berger et Women in Africa Philanthropy ont joint leurs expertises pour approfondir leur réflexion sur l’entrepreneuriat féminin en Afrique. Qui sont ces entrepreneuses ? Quelles sont leurs motivations et les freins à leur développement ? Quel regard portent-elles sur leur engagement en tant qu’entrepreneurs ou simples femmes ?
Alors que les hommes cherchent à devenir leur propre patron et à acquérir leur indépendance en se lançant dans l’entrepreneuriat, les femmes sont guidées par la recherche d’impact positif (84%) avec une volonté profonde de changer le monde et leur environnement. In fine, les entrepreneuses ne créent pas leur entreprise à des fins d’enrichissement : seules 16% des étudiantes et professionnelles interrogées citent « devenir riche » comme une des finalités de leur engagement.
Les femmes entrepreneurs estiment qu’elles se sont lancées dans l’entrepreneuriat par choix : seules 9% d’entre elles citent le chômage, et donc la nécessité, comme facteur déterminant. A l’inverse, plus de 30% des hommes sondés ont monté leur startup parce qu’ils ne trouvaient pas de travail.
Un manque de formation: Les femmes déplorent quand même leur manque de formation techniques et sectorielles. Les dépenses pour l’éducation par personne sont assez faibles. Filles et garçons ne sont malheureusement pas sur un pied d’égalité en termes d’accès à l’éducation, le taux d’alphabétisation des hommes est 1,3 fois plus important que celui des femmes en moyenne. Ils sont également 1,9 et 2,5 fois plus enclins à avoir suivi un enseignement secondaire et post-bac que leurs homologues féminins.
Des interlocuteurs trop peu nombreux: Beaucoup de répondants dénoncent un manque de soutien externe. L’Afrique compte 36 fois moins d’incubateurs et d’accélérateurs que l’Amérique du Nord et 17 fois moins que l’Europe alors que la population d’entrepreneurs est beaucoup plus importante. Sur le plan financier, les garanties et les taux élevés requis par les banques pour contracter un prêt freinent nécessairement le financement bancaire. Pour autant, le financement du capital-risque technologique y connaît une croissance rapide passant d’un taux de croissance annuel de 53 % en 2017 à 108 % en 2018, pour atteindre USD 1,63 milliard.
Combattre les inégalités de genre: Dans l’ensemble, les femmes entrepreneuses se sentent désavantagées par rapport aux entrepreneurs, une perception non partagée par ces derniers. Seulement 36 % d’entre eux estiment que les femmes sont désavantagées, contre 70 % des femmes.
Améliorer l'éducation des filles et des femmes: Pour Gladys Nelly Kimani, incubateurs et accélérateurs devraient chercher à fournir des formations sur le marketing et la finance : « Par exemple, un cours sur Comment payer ses impôts aurait été très utile ». Une grande majorité des entrepreneurs interrogés (93%) citent également la formation technique comme nécessaire au développement de l’entrepreneuriat féminin.
Renforcer les structures professionnelles: Obtenir la bonne information au bon moment est extrêmement difficile et la création d’entreprises est extrêmement contraignante. 78 % des femmes interrogées confirment que le processus d’accès au financement doit être simplifié. De leur point de vue, les gouvernements devraient également lancer de nouvelles politiques économiques et industrielles pour soutenir les entrepreneurs.
Améliorer les infrastructures financières et de télécommunication: Comme le montrait l’étude de 2018, la mise en place d’infrastructures adéquates faciliteraient l’épanouissement des projets entrepreneuriaux. Le développement des infrastructures de télécommunications est essentiel pour encourager l’entrepreneuriat féminin (le coefficient de corrélation entre la facilité à faire des affaires et la couverture du réseau 3G atteignait 54% en 2018). Afin de favoriser l’entrepreneuriat, ces structures doivent faciliter les procédures administratives, fixer des prix compétitifs et raccourcir la durée totale des processus.
Avec le taux le plus élevé au monde de femmes entrepreneuses (24%), le continent africain fait de l’entrepreneuriat un facteur d’émancipation.