Pour un vrai choix stratégique d’investissement public dans les territoires
La réforme territoriale en cours répond-elle aux enjeux de l’économie française ?
Si la réforme permet des avancées institutionnelles et de gouvernance notables : clarification des compétences, renforcement de la compétitivité des régions, à travers l’accroissement de leur taille, mutualisation des moyens communaux, à travers la montée en puissance des intercommunalités, réalisation d’économies budgétaires ; elle ne répond que partiellement aux enjeux économiques. En effet, l’économie française se polarise. L’emploi et les richesses tendent à se concentrer dans quelques zones dynamiques, plus que par le passé : les métropoles.
Avec trop peu de clusters de niveau mondial ou européen, les territoires français ne bénéficient pas des effets d’entraînement de la nouvelle économie.
Le poids économique des régions françaises reste donc sous-critique, à l’exception de l’Ile de France, comparé aux régions de nos voisins. Avant la réforme, le poids cumulé des 5 premières régions françaises était de 1 137 milliards €, soit 57% du PIB. Après réforme il sera de 1 271 milliards € et représentera 64% du PIB, soit une hausse de 22%. Mais, par comparaison, le poids cumulé des 5 premiers Länders allemands est de 1 874 milliards €, soit 72% du PIB allemand.
Une réflexion ambitieuse s’impose donc pour accompagner ces réformes et orienter favorablement l'investissement public dans les territoires.
L’analyse des dynamiques de création d’emplois entre 2008 et 2012 illustre bien le phénomène de polarisation des territoires. Si l’on considère les zones ayant enregistré des créations nettes d’emplois entre décembre 2008 et décembre 2012, il apparaît que 57% de ces créations ont eu lieu dans les aires urbaines de Toulouse Bordeaux, Nantes et Montpellier. Et au sein de ces aires urbaines, les créations sont très majoritairement concentrées dans quelques communes centrales des métropoles. 89% des emplois créés sur l’aire urbaine de Toulouse l’ont été dans la communauté urbaine de Toulouse. Cette part monte à 94% pour l’aire urbaine de Nantes. A la polarisation géographique s’ajoute une polarisation sectorielle. A Nantes, 13 secteurs concentrent 55% des créations d’emplois. Les 45% restant étant dispersés sur plus de 700 secteurs.
Le scénario de polarisation est un scénario de rupture. Il vise à soutenir la croissance de l’économie française en accélérant la croissance des « locomotives » que sont les métropoles. Il repose sur la concentration des investissements publics et privés sur le Grand Paris et 5 à 7 grandes métropoles, ainsi que sur l'activation de de politiques permettant de réduire les effets induits de congestion.
+1,1 point de PIB annuel, soit 242 Mds € entre 2015 et 2025, c’est l’impact potentiel d’une stratégie de focalisation des investissements publics sur les principales métropoles.
En matière d’investissements publics, le scénario implique : une focalisation quasi-totale de l’investissement sur les grandes métropoles, l’encouragement aux effets d’agglomération et de cluster, la limitation des effets négatifs liés à la concentration spatiale des activités économiques par l’investissement dans l’immobilier métropolitain et les infrastructures de transports; dans les villes intermédiaires, la limitation des investissements aux activités économiques non sensibles à la concentration spatiale.
En matière de transferts sociaux, il se caractérise par l’augmentation sensible des marges de manœuvre, l’excédent de PIB générant de nouvelles recettes fiscales.
Les effets attendus de ce scénario sont les suivants :
La réforme territoriale en cours répond-elle aux enjeux de l’économie française ?