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Les inégalités de genre persistent dans les start-up

Les inégalités de genre persistent dans les start-up

Les femmes sont largement sous-représentées dans les start-up françaises et allemandes, notamment dans le secteur des nouvelles technologies. L’étude menée par l’Université Technique de Munich (TUM) en collaboration avec la fondation Roland Berger pour le Management Européen (Roland Berger Foundation for European Management) est formelle : la plupart des start-up sont créées par des hommes et les effectifs de ces jeunes entreprises sont majoritairement masculins. Dans les entreprises fondées par des femmes, la proportion de femmes est presque deux fois plus élevée que dans celles créées par des hommes. Par ailleurs, la valorisation des start-up fondées par des hommes est nettement supérieure à celle des entreprises créées par des femmes.

Paris, 8 mars 2023

À l’instar des entreprises bien établies, les start-up attachent une importance croissante à l’égalité des genres. Cependant, contrairement aux grands groupes, la diversité au sein des jeunes entreprises n’a que rarement fait l’objet d’études approfondies. Dans ce contexte, l’Université Technique de Munich (TUM) a analysé le profil de quelque 700 start-up allemandes et 1 000 start-up françaises avec le soutien de la fondation Roland Berger. Afin d’établir une comparaison pertinente, les chercheurs et chercheuses se sont concentrés sur les entreprises qui ont bénéficié d’investissements en capital-risque entre 2012 et 2016. Pour ce faire, ils se sont appuyés sur la base de données Dealroom et sur les informations publiées par près de 80 000 collaborateurs et collaboratrices de start-up sur le réseau professionnel LinkedIn.

Selon l’étude, seules 3 % des start-up allemandes ont été fondées par une ou plusieurs femmes. En France, le chiffre s’élève à 4 %. Près de 83 % des entreprises allemandes et près de 84 % des entreprises françaises ont été créées uniquement par des hommes. Les chiffres sont respectivement de 14 % et 12 % pour les entreprises créées par des équipes mixtes. Par ailleurs, les hommes représentent plus de 60 % des effectifs des start-up dans les deux pays, soit une proportion nettement supérieure à celle des femmes. Fait notable, la proportion des femmes dans les effectifs s'élève à 62 % dans les entreprises créées par des équipes féminines, alors qu’elle n’est que de 35 % dans les entreprises fondées par des hommes.

Sous-représentation des femmes dans le secteur des nouvelles technologies

L’équipe de recherche s’est également attachée à déterminer s’il existait des disparités de représentation entre les hommes et les femmes selon les secteurs d'activité. En Allemagne, les femmes sont fortement représentées dans les secteurs des rencontres (50 %) et de la mode (29 %). En revanche, il existe très peu de start-up créées par des femmes dans les métiers de la robotique (3 %) et de l’immobilier (3 %). Le bilan est tout aussi contrasté en France : le secteur du bien-être et de la beauté est plébiscité par les créatrices d'entreprise (25 %), tandis que celui de la fintech (5 %) reste encore peu investi par les femmes.

L’analyse des effectifs des start-up montre également que les femmes sont particulièrement sous-représentées dans le secteur des nouvelles technologies : c’est dans le secteur des jeux vidéo en Allemagne (19 %) et dans l’industrie des semi-conducteurs en France (17 %) qu’elles sont parmi les moins représentées.

Les technologies quantiques sont la chasse gardée des hommes

L’étude n’a pas uniquement vocation à analyser la répartition hommes-femmes dans les différents secteurs d’activité. Elle s’intéresse également aux technologies mises en œuvre dans les start-up. En Allemagne, la majorité des start-up créées par des femmes a recours à la réalité virtuelle (20 %). À l’inverse, peu d’entre elles ont développé des technologies pour l’Internet des objets (3 %). En Allemagne comme en France, l’étude n’a pu identifier aucune start-up créée par des femmes dans le secteur des technologies quantiques. En France, c’est dans le domaine des nanotechnologies (14 %) que la proportion de start-up créées par des femmes est la plus élevée.

Une valorisation inégale selon les genres

Les inégalités entre les genres se manifestent également au niveau des valorisation des start-ups. Les start-up allemandes créées par des hommes ont ainsi une valorisation médiane de 21 millions de dollars, contre seulement 6 millions de dollars environ pour celles créées par des femmes. La tendance est similaire en France : en valeur médiane, les start-up créées par les hommes sont valorisées à 14 millions d’euros, contre 4 millions pour celles créées par des femmes.

Des processus de création et de financement de start-up neutres en matière de genre

« Dans l‘écosystème des start-up, les femmes sont largement sous-représentées : la plupart des start-up sont créées par des hommes et les effectifs travaillant dans ces jeunes entreprises sont majoritairement masculins. Cette sous-représentation des femmes concerne l’ensemble des secteurs d’activité, des technologies mises en œuvre et des modèles d’activité », explique Theresa Treffers, directrice d’études de la chaire Stratégie et Organisation à l’Université Technique de Munich. « Grâce aux études menées en psychologie sociale, nous connaissons aujourd’hui les causes de ce déficit de diversité. Aux yeux des investisseurs, les hommes sont plus à même que les femmes d'assumer un rôle entrepreneurial. De plus, les études de sciences, technologie, ingénierie et mathématiques (STEM) peinent à attirer les femmes, qui ne représentent qu'environ 30 % des effectifs dans ces filières d’études. Or, ce sont précisément des matières qui ouvrent la voie à la création de start-up. »

Pour apporter diversité et inclusivité à l’écosystème des start-up, l’étude préconise plusieurs mesures. « Il s’agit avant tout de lutter contre les préjugés et les stéréotypes liés au genre en s’assurant que les process internes des start-up ne sont pas involontairement discriminatoires ; et mettant en avant des modèles auxquels les femmes pourront s’identifier », explique Claire Pernet, associée chez Roland Berger, cabinet partenaire de l’étude via sa Fondation pour le Management Européen. « Il importe de soutenir les créatrices d’entreprises de manière ciblée, notamment lors des levées de fonds, leurs start-up étant très souvent sous-valorisées par rapport à celles fondées uniquement par des hommes ». Selon l’étude, les processus de création et de financement des start-up gagneraient également à être améliorés, notamment en instaurant des programmes neutres en matière de genre et en favorisant la direction de sociétés d’investissement en capital-risque par des femmes.

Publication :
Treffers, T., Heidegger, L., Welpe, I.M. (2022): Gender diversity in German and French startups – still a long way to go to close the gap .

Plus d’informations :
L’étude a été réalisée en collaboration avec la fondation Roland Berger pour le Management Européen.

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  • Photos iZonda/iStock